Il était une fois un bon vieux curé de paroisse, heureux possesseur d'un magnifique perroquet gris du Gabon d'une intelligence telle, que celui-ci arrivait à parler à peu près couramment ou à s'évader constamment de sa cage ou son perchoir. L'oiseau était peu à peu devenu une star locale, d'autant qu'il avait pris l'habitude, lors de ses escapades, et pour la plus grande joie de tous, d'aller conter fleurette aux poules du bon curé.
Celui-ci, ne voulant pas être la risée de ses ouailles, essaya tout : l'enfermement, la cajolerie, les menaces… Rien à faire : l'oiseau continuait à violer sauvagement les innocentes gallinacées qui n'en demandaient pas tant. Désespéré, le curé menaça de plumer le volatile s'il le prenait encore avec une poule (rejoignant ainsi ce que bon nombre de femmes peuvent dire à leur mari infidèle).
Le Dimanche suivant, c'est donc nu comme un ver et grelottant que le perroquet accueillit les fidèles dans l'église, sous l'oeil sévère du bon père qui, en ces temps de désertification des offices, en avait fait une vedette, en le chargeant de séparer hommes et femmes sur les bancs de l'église :
"Les hommes à gauche, les femmes à droite, les hommes à gauche, les femmes à droite…", répétait inlassablement le volatile, installé sur son perchoir devant l'autel.
Mais soudain, on vit le perroquet se redresser, et, l'oeil brillant et la mine goguenarde, lancer à un chauve qui entrait :
" Et toi, l'enculeur de poules, tu viens avec moi sur le perchoir !"…